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Seb et ses galloiseries
7 décembre 2017

Sur un plateau

Quand on écrit des histoires, le plus difficile est de créer. Les personnages, l’univers, la temporalité. Les histoires, quand on a tout ça, viennent bien plus facilement. Demandez à Christie Golden ce qui est le plus pratique entre créer des histoires à partir de rien et écrire des romans sur des univers pré-existants comme Star Wars ou Warcraft, la réponse viendra sûrement rapidement.

Les super-héros ne dérogent pas à la règle. Surtout maintenant, même, à une époque où il y en a partout, de toutes les sortes, de toutes les couleurs, de toutes les tailles… Pour créer un super-héros original, c’est-à-dire qui ne soit pas une parodie, une caricature ou un analogue d’un personnage déjà présent, il faut lui trouver une identité, donc une vie hors du costume ; un ou des pouvoirs, ou des capacités spéciales ; un nom ; une tenue ; et surtout, une origine. Il faut partir de rien, avec pour seul repère notre inspiration.

Pour des auteurs inexpérimentés, mal à l’aise avec l’idée de créer des héros à partir de rien ou préférant se concentrer sur des histoires plutôt que sur la création d’un personnage, il existe une solution toute simple : les personnages libres de droits.

Vous pensez qu’il y a des milliers de super-héros existant à travers le monde ? Il y en a des dizaines de milliers. Ceux dont vous suivez les aventures régulièrement en lisant vos comics préférés publiés par Marvel, DC ou Image Comics (Invincible et Spawn notamment) ne sont que le fragment ayant, grâce à leur popularité, leur ancienneté, leurs histoires de meilleure qualité ou un pur hasard, survécu jusqu’à notre époque sans tomber dans l’oubli.

Pour un super-héros ayant perduré, il y en a une bonne dizaine qui ont complètement disparu des mémoires, et des pages imprimées. Pour beaucoup, leur création remonte à l’Âge d’Or des comics, c’est-à-dire le tout début de l’ère des super-héros. La frénésie entourant Superman, Batman et leurs amis les plus connus a été pour beaucoup de jeunes auteurs l’opportunité de se faire connaître et tenter de gagner leur vie en créant de nouveaux personnages vivant leurs propres aventures.

Pour les maisons d’édition, l’intérêt de ces justiciers costumés pouvait se résumer à un seul mot : ARGENT.

Seulement, n’est pas Bob Kane qui veut. Beaucoup des super-héros créés à cette époque souffraient d’un univers, de pouvoirs ou de propriétés manquant de richesse ou d’originalité, ce qui les empêchait de jouir de la popularité de leurs aînés. Quand ils n’attiraient pas tout simplement l’ire de maisons de publication plus puissantes, comme ce fut le cas pour Captain Marvel, acquis par DC Comics suite à une attaque en justice motivée par sa ressemblance avec Superman. Et, de façon plus générale, les maisons d’édition à cette époque disparaissaient aussi vite qu’elles étaient apparues, et, avant de s’éteindre, n’ont pas pensé à renouveler les droits d’auteurs concernant ces héros et leurs univers respectifs. Il est donc impossible de clamer posséder une propriété intellectuelle. Et dans de nombreux cas, les maisons ayant racheté ces productions ont oublié de racheter les droits de leurs créations.

Quel fut le résultat ? Eh bien, beaucoup de ces personnages, dont les aventures ont pris fin abruptement, quand ils n’ont pas été rachetés par les grands pontes de l’édition de comics, sont tout simplement passés dans le domaine public. Ce qui signifie dans la plupart des cas qu’il n’y a plus de droits de publication qui leur sont attachés et que la propriété intellectuelle ne s’applique plus. Donc, il est possible pour n’importe qui de les utiliser dans des œuvres de fiction personnelles.

Cela offre aux auteurs en devenir toute une flopée de personnages à faire revivre, retravailler, réadapter dans des histoires inédites, que ce soit pour ressusciter un personnage pour qui ils ont eu un coup de cœur ou les inclure dans leurs propres histoires, pourquoi pas les faire interagir avec leurs propres créations.

On en trouve à toutes les sauces, offerts à l’imagination des auteurs qui souhaiteraient s’en servir et se les approprier pour leur donner un nouveau souffle. Les auteurs Jim Krueger et Alex Ross ne s’en sont pas privés, et sont allés piocher dans cet immense répertoire des héros qu’ils ont mis en scène dans le comic Project Superpowers, incluant parmi les personnages principaux Fighting Yankee, Green Lama, Daredevil (Différent de celui que nous connaissons tous) et Black Terror, un héros qui, bien qu’ayant été utilisé sans représailles de la part de la Warner, ses supposés ayant-droits, est considéré comme un personnage à risque.

Les auteurs de Project Superpowers ont même eu la bonne idée, à la suite de leurs histoires, de présenter des dessins montrant des super-héros de l’âge d’or des comics. Des fresques de toute beauté, avec le potentiel d’inspirer plus d’un auteur ou dessinateur.

héros libres de droits

(Osez me dire que votre imagination n'est pas stimulée)

Pour ceux d’entre vous parlant anglais, il existe un Wiki recensant les super-héros appartenant au domaine public, que vous pouvez retrouver à partir de ce lien : http://pdsh.wikia.com/wiki/Public_Domain_Super_Heroes

Depuis mon bureau, qui n’est pas le moins du monde situé dans une chambre mal rangée de jeune adulte français sans emploi, je peux presque vous entendre demander : Pourquoi reprendre des personnages ayant été balayés par des héros plus populaires ? Comment pourrais-je rendre intéressant un personnage qui n’a pas réussi à séduire le public, autrement moins difficile, des années 40 ?

A cette question, je vous répondrai : The Escapists.

Il s’agit d’un comic de Brian Vaughan, qui constitue une sorte de suite au best-seller Les Extraordinaires aventures de Kavalier et Clay, de Michael Chabon.Si le roman en lui-même est un chef-d’œuvre, c’est ici le comic qui nous intéresse, puisqu’il raconte l’histoire d’un jeune auteur fan du super-héros The Escapist créé par Kavalier et Clay, au point d’en racheter les droits pour créer de nouvelles histoires avec ses collègues. Ils gardent l’identité, ils changent les personnages, ils changent le ton… ils font ce qu’ils veulent, uniquement inspirés par leur intérêt pour le personnage.

Comme cela a été fait pour Superman, dont l’histoire a connu d’innombrables variations au fil des années, il est parfaitement possible de modifier un personnage pour l’actualiser, l’accorder avec notre époque et lui faire gagner en profondeur.

Mais il ne faut pas se fourvoyer : les super-héros appartenant au domaine public ne sont pas que des personnages de l’Âge d’Or dont les droits ont échappé à leurs créateurs. Je souhaiterais pour poursuivre vous présenter Vito Delsante.

Vito Delsante

(Avec moi : "Bonjour Vito Delsante")

Vito Delsante est un auteur de comics qui a travaillé pour Marvel et DC, ainsi que sur le comics Scooby Doo. Selon le Wiki des super-héros du domaine public, ce Père Noël de la pop culture a eu l’idée, en 2011, de créer une centaine de personnages, héros comme vilains, qu’il a directement donnés au domaine public. Ce qui offre des dizaines de personnages supplémentaires qu’il est possible d’utiliser sans retenue, avec la seule contrainte qu’il faut citer Vito Delsante comme leur créateur original à chaque utilisation. Certains de ces personnages peuvent être retrouvés sur le Wiki des super-héros du domaine public.

Reprendre des héros déjà existants n’est pas, contrairement à ce qu’on pourrait croire, une solution de facilité, un exercice simple pour produire des histoires bon marché. Il peut être plus stimulant pour l’esprit de prendre un personnage incomplet, ancien, laissé pour compte, et de le retravailler pour en faire un protagoniste crédible pour notre époque, intéressant et original. Recréer ses origines, lui inventer des alliés, des méchants, revoir son costume pour les dessinateurs. Tout cela est un travail qui nécessitera beaucoup d’efforts, et pourrait, à terme, permettre à d’ambitieux auteurs de redonner un souffle de vie à des personnages qui auraient eu le potentiel de suivre Wonder Woman, Superman ou Shazam au premier plan de l’univers des comics de super-héros.

 

Voilà pour ce petit article, j’espère qu’il vous aura plu, et, peut-être même, inspirés pour certains d’entre vous. N’hésitez pas à le partager pour que vos connaissances fans de super-héros et auteurs/dessinateurs en devenir puissent, peut-être, venir piocher des informations intéressantes. Et en guise de conclusion, je laisse ici des images de quelques-uns de mes favoris parmi les super-héros de l’Âge d’Or des comics :

Radior

Radior

American Crusader

American Crusader

American Eagle

American Eagle

Airman

Airman

Raven

Raven

Pyroman

Pyroman

 

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